Solstice et Céleste : le luxe engagé débarque au Carlton de Lille

La marque Solstice et Céleste plantera son univers astral et surréaliste à l’hôtel le Carlton de Lille le 7 avril prochain. Le défilé présentera la première collection de la marque, fruit du travail de fin de bachelor de 6 étudiantes de l’ISG Luxury Managment de Lille. Une marque promouvant des pièces unisexes et des matériaux upcyclés, à contresens d’une mode réfractaire à l’inclusion et à la diversité.

La mode inclusive, oxymore ou réalité ? Le monde de la haute couture est une bulle selecte qui a ses exigences : la femme cisgenre blanche, jeune et mince y reste l’archétype du mannequin idéal. Cependant, face au mouvement body positive prônant l’acceptation de soi et des personnalités féministes comme Rihanna, les podiums ont dû s’incliner et les Fashion Week ont timidement intégré des mannequins noir.e.s, gros.se.s, hors des normes.

Mode, diversité et inclusion

Des efforts qui peinent à convaincre : une fois l’« effet de mode » terminé, quelles garanties que les grandes maisons continuent de mettre en avant la diversité ? La piste réside peut-être dans la prochaine génération de créateurices, à l’instar des étudiantes derrière Solstice et Céleste. Laura, Céline, Margaux, Clothilde, Camille et Léa sont étudiantes à l’école ISG Luxury Management de Lille en dernière année de Bachelor. Elles ont travaillé sur un projet de fin d’étude à la consigne ambitieuse, expliquée par Laura : « Notre projet est la création du défilé de la première collection d’une marque de mode fictive. Nos missions sont donc de créer la marque, avec tout son univers, ses inspirations, un dossier marketing complet, mais également la création des pièces, la communication sur les réseaux sociaux, la recherche de mannequins, de lieux ou encore la mise en place de la scénographie du défilé. »

En résumé : carte blanche pour monter de toute pièce une marque à leur image. Les étudiantes ont voulu mettre l’accent sur un monde astral et surréaliste, inspirées par de « grandes maisons de luxe comme Schiaparelli », leur propre attirance pour les astres et les choses « intrigantes » détaille Laura. Passionnées par le milieu de la mode de luxe, elles suivent de près son évolution, dont elles seront bientôt actrices.
Nous étions d’accord dès le départ sur le fait que notre marque devait absolument être inclusive. C’est une chose que l’on voit de plus en plus dans le monde du luxe mais cela reste toujours trop peu à mon goût, explique Laura, l’une des étudiantes créatrice de la marque.

La mode de demain, incarnée par Solstice et Céleste, se veut engagée : « nous étions d’accord dès le départ sur le fait que notre marque devait absolument être inclusive. C’est une chose que l’on voit de plus en plus dans le monde du luxe mais cela reste toujours trop peu à mon goût. » témoigne Laura.  Le casting des mannequins n’avait aucune exigence de taille, de genre, de couleur de peau ou de morphologie. Au défilé du 7 avril, « il y aura des jupes unisexes, des robes portées par des hommes, des tissus transparents, des coupes over sizes et des mannequins de tous les genres et de toutes les ethnies. » indique Margaux.

Photo de Emma Lemire

Cadence effrénée à prix cassé

En parallèle de leur engagement pour l’inclusivité, les créatrices ont tenu à respecter l’environnement en s’opposant au modèle de la fast fashion, un système de production décrié par les associations. Oxfam France, œuvre contre la pauvreté et dénonce une pratique visant à « minimiser les coûts de production, à fabriquer en flux tendu et à réduire les délais d’approvisionnement qui repose sur le maintien des inégalités ». Les conséquences d’un tel engrenage sont désastreuses pour l’humain et l’environnement. Selon l’organisme, pour un tee-shirt vendu 29€ en Europe, les ouvrières qui l’ont fabriqué touchent en moyenne 0,18€. Ce même tee-shirt, d’abord transporté en avion, continuera de polluer même après son achat, puis sera souvent jeté à peine usé.

Pour le groupe, l’engagement écologique est parti d’un constat tout autre, explique Laura : « le premier obstacle était de réaliser un projet étudiant tout de même assez ambitieux sans pour autant se ruiner. Nous avons donc pensé à utiliser des objets de récupération et à faire de l’upcycling pour nos pièces, et c’est de cette manière que nous avons décidé que notre marque aurait des valeurs écologiques. » L’upcycling est une méthode de recyclage dite « par le haut » qui a pour objectif de faire du neuf avec du vieux.

D’un souci financier résulte une marque engagée pour la durabilité de ses vêtements, et contre la fast fashion. La première collection de Solstice et Céleste comporte des pièces uniques et originales respectant l’environnement. Au défilé « il y aura un jean avec des parties faites avec des capsules de cannettes, une robe avec des cotons tiges ou encore un corset avec du carton et des allumettes. » développe Margaux.
Si vous êtes amateur/trice de mode ou juste curieux/se, plongez sans hésiter dans un univers onirique en participant à une mode éthique.

Photo de Emma Lemire

Texte de Anaëlle Charlier

Source : https://dissidence-s.fr/2023/0...